Actes du Colloque de Jérusalem (février 2006) –
Le judaïsme était solidement enraciné en Arabie quand Muḥammad fils de ʿAbd Allāh, le prophète de l’islam, s’est engagé dans une nouvelle voie. On le sait par les auteurs de langues grecque et syriaque de l’Antiquité tardive et par la Tradition arabo-musulmane. Par ailleurs, depuis l’islamisation de l’Arabie, il y a toujours eu des juifs, principalement au Yémen.
Cependant, on a d’ordinaire considéré ces sources manuscrites, recopiées avec des erreurs, corrigées, remaniées, amplifiées et parfois falsifiées, avec une grande suspicion. On a notamment douté que le Yémen antique (le royaume de Ḥimyar) ait été juif et que ses rois aient dominé une grande partie de l’Arabie.
Depuis une cinquantaine d’années, les recherches archéologiques apportent des confirmations et des correctifs. La découverte de dizaines d’inscriptions et de graffites au Yémen et dans le Ḥijāz en Arabie séoudite a mis en évidence que le judaïsme s’était enraciné en Arabie dès les premiers siècles de l’ère chrétienne et qu’il était dominant au Yémen à partir du IVe s., et probablement plus tôt dans certaines oasis du Ḥijāz. Le christianisme, qui a eu de nombreux adeptes dans les îles du golfe Arabo-persique et sur les côtes, ne s’est propagé au Yémen que tardivement dans quelques régions périphériques.
Le judaïsme de l’Arabie antique dresse le premier inventaire exhaustif de toutes les données disponibles. Il tente également de dépasser cette première étape en mettant en évidence une série de petits faits qui permettent de s’interroger sur la nature du judaïsme qui s’est répandu en Arabie à partir du IIe s.