Le mardi 20 décembre 2016 à 18h30 au CRFJ – de Renée Waissman-Hober et Yann Scioldo-Zürcher. Tous deux sont des chercheurs du CNRS qui ont observé les Juifs de France à deux moments distincts de leur histoire. Renée Waissman-Hober a observé la façon d’être juif en France pendant la Guerre des Six jours. Qu’est-ce qu’être Juif en France en juin 1967 ? La guerre a suscité un sentiment « d’irrésistible solidarité » avec l’État d’Israël, voire un attachement inconditionnel. L’auteur a alors réalisé une enquête, au moment-même du conflit, de mai à juillet 1967, qui rendait évident « le saisissement » des personnes interrogées face aux événements du Moyen-Orient, c’est-à-dire la modification spectaculaire de l’attitude des répondants qui ne s’exprimaient pas avec la même force avant les événements. Comment se situe-t-on par rapport à soi et par rapport à l’autre qui n’est pas Juif ? L’émotion collective ressentie par l’ensemble de la judaïcité française révéla l’émergence de l’expression publique de l’appartenance juive et dans ce sens, on peut dire que cette affirmation prenait le pas sur une réponse individuelle et privée à la question : « comment je me définis en tant que Juif ? ». Les marques de soutien à Israël dans ce conflit, chez les Juifs de France, constituent un tournant décisif dans la définition de leur identité : « Cette appartenance juive n’est plus de l’ordre de l’intime, de la discrétion, elle est désormais vécue et affichée publiquement ».
Autre temps, mais même lieu, Yann Scioldo-Zürcher observe en historien le temps présent de la nouvelle alya française. Car à partir du tournant de la décennie 2000, l’immigration juive française vers Israël connaît un nouvel essor. Quels sont les processus, « de temps long » et « d’immédiateté » qui guident ce nouveau mouvement migratoire ? Comment penser la démarche de ces olim qui sont à la fois issus d’une histoire sociale de la diaspora française, qui les fait considérer Israël, et d’un présent qui parfois les pousse à partir de France en urgence ? Quels sont les projets migratoires de cette nouvelle alya, et comment cette dernière interroge en retour l’ethos sioniste traditionnel, forcément bouleversé par ces nouvelles expériences migratoires ?
Le livre de Renée Waissman-Hober, De l’expression privée à l’expression publique de l’identité juive. Une nouvelle manière d’être juif en France (1967), publié en 2015, sera en vente à l’occasion de la conférence.
Renée Waissman-Hober, chargée de recherche honoraire au CNRS, (Centre de recherche médecine, maladies et sciences sociales).
Yann Scioldo-Zürcher, chargé de recherche au CNRS, CRFJ (Centre de recherche français à Jérusalem).