L’empreinte matérielle des modèles chrétiens dans l’espace levantin du IVe au XIIIe siècle : pratiques et architectures (sept. – oct. 2021).
Le présent projet a été monté avec le concours et grâce à la curiosité scientifique d’Anne Mailloux, directrice du Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (LA3M), qui dès les prémices de cette initiative, a apporté un soutien indéfectible à ses instigateurs et a accepté d’en être la porteuse. Il s’agit d’un projet financé par la fondation A*Midex dans le cadre de l’action UMIFRE 2020 et orchestré en étroite collaboration avec le Centre de Recherche Français à Jérusalem (CRFJ), représenté par Vincent Lemire et Estelle Ingrand-Varenne, chevilles ouvrières de l’organisation administrative, logistique et scientifique de cette mobilité en cette période de pandémie pourtant peu propice aux mobilités internationales. Le gîte et le couvert ont par ailleurs été fournis par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem (EBAF). Les frères qui y séjournent ont apporté aide et conseils au quotidien et ont ouvert la porte de leur bibliothèque dont les fonds, d’une richesse remarquable, ont permis d’étayer les données récoltées sur le terrain. Nous tenons une fois de plus à remercier l’ensemble de ces personnes et les institutions auxquelles elles appartiennent pour avoir rendu cette aventure scientifique et humaine non seulement possible, mais également mémorable.
Ce projet s’est forgé au cours de longs entretiens menés entre doctorants au sein du LA3M : au fil des conversations, il s’est avéré que des thématiques en apparence très éloignées se rejoignaient à maints égards et se répondaient sur de nombreux plans (historiques, géographiques, archéologiques).
C’est ainsi qu’une volonté commune s’est développée de réunir ces thématiques afin de procéder à une recontextualisation des données récoltées sur les terrains de recherche préétablis (Chypre et la Provence, en l’occurrence) dans un champ d’étude élargi et ainsi afin de mieux cerner la circulation des modèles chrétiens en Méditerranée (plus précisément dans l’espace levantin). Pour ce faire, deux angles d’approche ont été retenus : les pratiques religieuses, d’une part, et les modèles architecturaux, d’autre part, au travers des deux focus que constituent le culte des reliques dans les basiliques paléochrétiennes et les formes adoptées par les ermitages/couvents carmélitains. En effet, les deux recherches doctorales intégrées dans cette mission traitent, pour la première, de l’expression du culte des reliques à Chypre (« Les reliques dans les basiliques de Chypre (IVe-Xe siècles) dans le contexte de la Méditerranée orientale », par M. Metzger sous la direction d’Andréas Nicolaïdès (MCF AMU, CNRS UMR 7298 LA3M) et de Maria Parani – Professeure associée à l’Université de Chypre) et, pour la seconde, de l’évolution architecturale des couvents carmélitains dans la province de Provence (« Les couvents carmélitains en Provence. Études archéologiques et historiques sur l’architecture d’un grand ordre mendiant du XIIIe siècle à la déconstruction postrévolutionnaire », par M. Hoffelt sous la direction d’Andréas Hartmann-Virnich, Pr. AMU, CNRS UMR 7298 LA3M).
Les ponts chronologiques et territoriaux, par le biais de la liturgie et des acteurs, s’avèrent, de fait, lisibles au travers de l’archéologie et l’objectif premier de cette mission était de les faire transparaître. Bien que plusieurs siècles séparent l’expansion architecturale de la Chrétienté et l’avènement des grands courants monastiques et notamment des communautés mendiantes, la géographie au cœur des deux sujets est commune : du Levant à Chypre en direction de l’Occident. Pourtant, le territoire n’est pas l’unique lien associant ces recherches, qui se rejoignent dans l’interprétation spirituelle du reliquaire en tant qu’objet, mais également en tant que lieu. Le fait est que le culte des reliques comporte une dimension indirecte en cela qu’il inclut la vénération de matériel ayant été touché par les saints ou d’endroits ayant été investis par eux. Les lieux rupestres associés à la naissance et à la passion du Christ sanctuarisés dans de somptueuses basiliques, les nombreux reliquaires contenant les restes de saints ou reliques de contacts disposés sous l’autel ainsi que dans les espaces latéraux des églises du Néguev ou encore l’établissement fondateur des Carmes, au cœur des grottes qui auraient été habitées par saint Élie, lui-même, en sont des exemples probants.
Ces thématiques ont ainsi été explorées en gardant ces axes communs en tête, qui seront amenés à être développés plus avant dans le cadre des deux thèses concernées.
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