Le mardi 12 avril 2016 à 18h30 au CRFJ – de Daniel Andler, professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne, chercheur associé au Centre de recherche français de Jérusalem – Que se passe-t-il lorsque plusieurs personnes réfléchissent, décident ou agissent ensemble ? Deux réponses sont couramment proposées : la première, pessimiste, est qu’en général elles font moins bien ensemble qu’elles ne feraient séparément ; la seconde, optimiste, est qu’elles font généralement mieux. À l’heure des réseaux sociaux, d’internet, de la démocratie participative, les organisations, les entreprises, les gouvernements s’interrogent sur la possibilité d’une intelligence collective qui puisse pallier les insuffisances de l’intelligence individuelle. Les sciences cognitives et l’épistémologie sociale ont commencé à étudier la question de manière systématique. Elles distinguent plusieurs formes d’intelligence collective et cherchent à comprendre dans quelles conditions un collectif fait mieux que ses membres. Le pessimisme n’est pas plus justifié que l’optimisme béat : concevoir un dispositif performant d’intelligence collective requiert science et intelligence.
Daniel Andler a été mathématicien, spécialisé en logique, puis philosophe des sciences, occupant successivement des postes dans l’une puis l’autre discipline ; il est aujourd’hui professeur émérite de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) et membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France. Ses principaux travaux portent sur les sciences cognitives, domaine que sa double formation lui a permis d’investir sur le plan scientifique et philosophique, tout en contribuant à l’organisation du domaine au plan national et européen ; il a notamment fondé en 2001 et dirigé le Département d’études cognitives à l’École normale supérieure, ainsi que la Société de philosophie des sciences. Il s’intéresse aujourd’hui aux interfaces entre sciences cognitives et sciences sociales et aux applications des sciences cognitives, notamment dans le domaine de l’éducation, en relation avec les technologies. Il travaille également sur les processus collectifs à l’œuvre dans les sciences et dans leur déploiement, ainsi que dans les décisions de politique publique.