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Le mercredi 9 mars 2016 à 18h30 au CRFJ – de Christian Robin, Directeur de recherche émérite au CNRS – Le judaïsme était solidement enraciné en Arabie quand Muḥammad fils de ʿAbd Allāh, le prophète de l’islam, a prêché sa réforme religieuse. On le sait par les auteurs de langues grecque et syriaque de l’Antiquité tardive et par la Tradition arabo-musulmane.Cependant, on a d’ordinaire considéré ces sources manuscrites avec une grande suspicion. On a notamment douté que le Yémen antique (le royaume de Ḥimyar) ait été juif et que ses rois aient dominé une grande partie de l’Arabie.     Depuis une cinquantaine d’années, les recherches archéologiques apportent des confirmations et des correctifs. La découverte de dizaines d’inscriptions et de graffites au Yémen et en Arabie séoudite a mis en évidence que le judaïsme était enraciné en Arabie du nord-ouest dès les premiers siècles de l’ère chrétienne et qu’il a été dominant au Yémen à partir du iv. siècle. Le christianisme, qui a eu de nombreux adeptes dans les îles du golfe Arabo-persique et sur les côtes, ne s’est propagé au Yémen que tardivement dans quelques régions périphériques. Désormais, ce n’est plus sur l’ampleur de la judaïsation qu’on s’interroge, mais plutôt sur la nature du judaïsme qui s’est répandu en Arabie à partir du II. s.
Christian Robin, membre de l’Institut, est directeur de recherche émérite au CNRS. Il a créé et dirigé la Mission archéologique française en République arabe du Yémen et la mission franco-séoudienne de Najran (Arabie séoudite). Ses recherches portent sur l’histoire et les textes de l’Arabie et de l’Éthiopie antiques.