Le mercredi 13 mai 2015 – 18 h 30 – par Jean-Robert PITTE, Membre de l’Institut –
Résumé : Les hautes terres de Judée et de Galilée font partie des berceaux du vin, comme un certain nombre de massifs surplombant les plaines du Croissant fertile où sont nés la céréaliculture, la bière et le pain. Au Proche-Orient, les Hébreux font partie des amateurs éclairés. La Bible, leur recueil de textes sacrés, mentionne la vigne, le vigneron et le vin 441 fois. Il y a 2000 ans, Israël fait partie de l’Empire romain. La culture gréco-romaine s’y conjugue au vieil héritage hébraïque. Le Christ accomplit la synthèse en conférant une place centrale au vin dans son message, sa pédagogie et les rites qu’il fonde. En revanche, elle subit un sévère coup d’arrêt avec l’islamisation au VIIe siècle, début d’un étiage qui durera de longs siècles. La vitiviniculture survit uniquement grâce aux communautés non-musulmanes. À partir du milieu du XIXe siècle, le sionisme va entraîner la renaissance d’une viticulture plus significative, à la fois par le volume de la production et sa qualité. À la fin du XXe siècle se créent des vignobles tournés vers une qualité de niveau international. Aujourd’hui, quelque 200 producteurs exploitent environ 5000 ha de vignes en Israël et produisent 35 millions de bouteilles dont une notable partie est exportée. Chaque Israélien consomme actuellement environ 7 litres de vin par an, mais ce chiffre progresse vite. Israël est en train de renouer avec sa tradition plurimillénaire.
Jean-Robert Pitte est géographe, spécialiste du paysage, de la gastronomie et du vin. Professeur à l’Université Paris-Sorbonne, dont il a été le président de 2003 à 2008, il est membre de l’Institut (au titre de l’Académie des sciences morales et politiques) et président de la Société de géographie. Son Histoire du paysage français (1983) a été régulièrement rééditée. En 2009, il publiait Le désir du vin à la conquête du monde (Fayard) ; en 2013, L’amour du vin (CNRS Éditions) et La bouteille de vin. Histoire d’une révolution (Tallandier). Acteur public, il a été l’artisan de l’inscription par l’UNESCO du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.